Sarah Suco a mené une enfance comme les autres, dans le sud de la France, avec ses cinq frères et sœurs. Jusqu’à ce que ses parents, normaux et «brillants», fréquentent une communauté catholique. La dérive sectaire subséquente a servi d’inspiration pour son premier long métrage. «Les éblouis» traite en nuances de cet embrigadement, avec des touches d’humour — «Le rire sauve. Sinon, ça aurait été un film d’horreur». Entretien.
Sarah Suco avoue franchement que son séjour au sein de cette communauté charismatique a laissé des marques. «Ce fut plutôt facile d’en sortir, mais difficile d’entrer dans le monde», explique-t-elle au téléphone. En arrière-plan, par sa fenêtre ouverte, on entend les piaillements des enfants qui sortent de l’école, un fort contraste avec la gravité du sujet. Qu’elle refuse de dramatiser, même s’il lui faudra une douzaine d’années avant de trouver sa voie au théâtre et au cinéma.
Parallèlement à sa carrière d’actrice (La belle saison de Catherine Corsini, Place publique d’Agnès Jaoui…), l’idée d’un film commence à germer dans la tête de cette ardente cinéphile — elle trouve «refuge» en salle trois à quatre fois par semaine. Mais «ça me faisait très peur. Je devais composer avec un problème d’imposture [comme cinéaste].»
Et trouver la bonne distance, tout en étant consciente «qu’on se raconte plus dans un premier film». Il lui faudra quatre ans d’écriture et l’aide de Nicolas Silhol (Coporate) pour trouver le ton juste, en faisait confiance à l’intelligence du spectateur. «Je déteste qu’on me prenne pour une idiote quand je vais au cinéma. Ce n’est pas un mode d’emploi sur la dérive sectaire. [Les éblouis] raconte le conflit de loyauté d’une fille envers sa mère.»
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