Une loi réprimant les violences basées sur le genre est jugée suspecte par certains élus et hommes d'Eglise à Madagascar. Elle pourrait, selon eux, favoriser l'union entre deux personnes de même sexe.
La guerre des mots
Quel lien y a-t-il entre une loi sur les violences sexistes et le mariage entre personnes de même sexe ? A priori, aucun, si ce n’est la mauvaise interprétation d'un texte adopté à la mi-décembre 2019. L’un des articles de la loi prévoit une peine de deux à cinq ans de prison pour "tout acte de pénétration sexuelle (...) commis sur le conjoint ou sur la personne engagée dans une union, par violence, contrainte ou menace". Dans ce passage, c’est le mot "conjoint" qui pose problème.
Craintes d’un "mariage pour tous"
Les interrogations de l’élu ont été aussitôt relayées sur les réseaux sociaux et le texte visant à protéger les femmes contre les violences a été jugé flou, suspect et susceptible d’ouvrir la voie à la défense des droits des personnes homosexuelles et au mariage gay. Lors du débat au parlement, plusieurs députés ont refusé de voter le texte qui "sème la zizanie". Dans ce climat, la coordinatrice résidente du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), Violette Kakyomya, a dû intervenir pour calmer les esprits, comme le souligne RFI.
L'Eglise se méfie
Très influentes à Madagascar, les églises protestantes ont joint leurs voix aux critiques en anticipant sur un sujet qui n’était pourtant pas à l’ordre du jour. "L'Eglise (...) se doit d'alerter face à toute menace qui pèse sur la nation", a affirmé le pasteur Irako Ammi Andriamahazosoa en appelant le gouvernement à "ne pas favoriser le mariage pour tous".