Georges Fenech, député honoraire, ancien juge d'instruction et ex-Président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), publie "Gare aux gourous". Il nous livre son analyse sur les dérives thérapeutiques d'aujourd'hui.
Pourquoi Docteur : Naturopathie, Reiki, Biorésonance… Vous publiez une enquête fouillée sur l’essor des dérives thérapeutiques en France. Pourquoi avoir écrit ce livre ?
Georges Fenech : Face à la baisse de la vigilance des pouvoirs publics, j’ai voulu lancer un cri d’alarme à l’attention des Français, qui n’ont pas suffisamment d’informations sur les dangers de ces pratiques non conventionnelles.
Il y a un certain nombre de gourous thérapeutiques motivés par l’appât du gain qui sont passés maître dans l’art de séduire des personnes malades, en leur proposant des solutions onéreuses au détriment de la santé. Ces charlatans instaurent une véritable emprise mentale, et coupent peu à peu le malade de ses proches. Dans le cadre de pathologies lourdes, cela peut conduire jusqu’à la mort, lorsque la personne sous influence décide de rompre avec la médecine conventionnelle.
Certaines de ces dérives méritent-elles d’être dans le viseur de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), que vous avez présidée ?
Le groupe d'appui technique sur les pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique recense par exemple l’auriculothérapie et la mésothérapie comme des pratiques potentiellement dangereuses.
Le décodage biologique fait aussi des ravages, avec environ 2000 médecins qui divulguent cette théorie. Selon eux, l’apparition de cancers résulte d’un choc traumatique, qu’il suffirait de traiter via une psychothérapie pour faire disparaître la maladie. Bilan : certains arrêtent leur chimiothérapie et en meurent, comme je le raconte au début de mon livre, avec le cas de cette jeune maman décédée d’un cancer du sein, isolée des siens.