J'étais enfant (chanson Aube de l'Etoile)

Thème: la "pédophilie" (pédocriminalité). Par un homme qui a été 22 ans de 1973 à 1995 chez les Témoins de Jéhovah. D'avoir été TJ, e n'en veux pas à mes parents, ne les juge pas et les aime. Ils ont fait ce qu'ils ont pu avec leur boîte à outil, comme tout un chacun. Mais cela n'empêche pas de libérer ma parole publiquement. Je me suis fait baptisé à 17 ans... poussé par la secte, sous la menace d'Har-Maguédon, etc. Oui, "on est pas sérieux quand on a dix-sept ans", comme disait Arthur Rimbaud (lequel a été abusé en son temps - voir "Un coeur sous une soutane", fin du 7 mai - mais ça c'est une autre histoire...).

Je suis sorti de la secte après un séjour en maison de repos en 1995 avec pour motif "risque d'autolyse". J'écrivais des poèmes et nouvelles depuis deux ans, en plus de dessiner et peindre... Je suis entré en poésie comme on entre en religion, la poésie m'a sauvé. Je n'écrirai de chansons que vers ma trentaine en même temps que mes débuts à la guitare. Je n'ai vraiment pas choisi de commencer fort tard la scène! Non, ce n'est pas le genre de chanson que je chanterai sur scène mais il est important de partager cela, combien même le sujet est délicat et tabou. Victime, je ne suis pas dans la victimisation, mais encore une fois je témoigne (je suis maintenant juste témoin de Stéphane Gentilhomme! :) au service de son âme), et si on peut mettre en doute mes souvenirs, de nombreux documentaires sur les Témoins de Jéhovah ont recueillis nombreux témoignages, d'ailleurs c'est l'un d'eux que j'ai découvert sur You Tube après une remontée de conscience en 2009... J'ai partagé cette chanson à l'association "Innocence en danger" qui a été touchée, mais ça n'a pas été plus loin, bien qu'on m'ait proposé de témoigner dans une émission.

Que dire de plus sur ce que j'ai vécu alors que mon inconscient m'a épargné de revivre des scènes traumatisantes, m'emportant seulement dans des lieux, avec des personnes, dans des situations assez parlantes, en accord avec les paroles d'Arthur Rimbaud qui suffiront: "Tenez, j'aime mieux vous dire que ce fut dégoûtant"? Pour moi en faire une chanson c'était l'acte juste, celui où vraiment j'étais à ma place en tant qu'artiste. Je ne suis que porteur de ma vérité mais qui trouve crédit par tant d'autres témoignages, j'en suis heureux, non je ne suis pas fou, on n'est pas fou (nous tous victimes), on ne peut inventer de telles choses en si grand nombre sans qu'aucun se connaisse... C'est drôle, je découvre l'image de bannière, et je vois un enfant souriant, c'est moi. Eh oui, mon enfance ne se résume pas à ça, heureusement, et cette photo témoigne du fait que j'ai aussi connu maints bonheurs, c'est important de le dire aussi. Je veux témoigner aussi d'un chemin de résilience et être ainsi source d'espoir.

J'espère être à mon petit niveau un éveilleur de conscience. Je ne suis pas un juge de personnes. Je ne peux que juger nocifs des actes que la science a mis en lumière. Je n'aurais jamais voulu écrire une telle chanson, et je crois que je n'aurais pu sans un minimum de vécu... Ce n'est pas une chanson drôle, mais ce n'est pas désespéré non plus. Puisse t-elle faire du bien et être un baume.