Pendant des années, un prêtre devenu ensuite vicaire général du diocèse de Vannes a détourné l’argent destiné aux messes mais aussi celui de congrégations et de laïcs. Ce jeudi, devant le tribunal, il a reconnu que ces 678 000 euros ont servi à des fins personnelles, en ayant des relations avec des jeunes en Colombie.
« Je reconnais mes actes, mais je n’ai pas abusé de mes pouvoirs de vicaire général. Numéro 2 du diocèse, c’était un poste important, de lien entre l’évêque et les prêtres », annonce d’emblée le prévenu. « Cette fonction était passionnante mais m’épuisait et me plongeait dans une certaine solitude. C’est peut-être ce qui m’a fait commettre de manière irrationnelle ces faits que j’ai toujours du mal à comprendre. S’il n’y avait pas eu ce coup de massue donné par l’évêque, je serais peut-être toujours dans cette spirale ».
Ces propos font réagir le président du tribunal, Pierre-Olivier Danino : « Il n’y a rien d’irrationnel dans ces faits. C’est du concret. Je suis surpris que vous parliez d’explosion brutale et de fatigue, quand on constate que vous avez fait cela pendant de longues années. Vous avez eu de l’énergie pour détourner 175 000 € destinés aux messes, 255 000 € donnés par des particuliers et 248 000 € en faisant des emprunts. Et tout ceci pour un usage strictement personnel ».
Le prévenu réagit : « J’ai fait cela pour aider des gens ». Le juge continue de le passer sur le gril : « Si en qualité de vicaire général vous aviez eu à aider des gens en Colombie, comme vous le prétendez, ne vous aurait -il pas fallu l’accord de l’évêque ? Aviez-vous informé les gens à qui vous empruntiez ces sommes que c’était pour des personnes avec lesquelles vous aviez des relations intimes ? Les 188 000 € envoyés, c’était, selon vous, pour aider des jeunes malades, mais ces sommes destinées à des messes, n’est-ce pas du sacré ? » Le juge lui rappelle qu’il a reconnu avoir commencé à détourner de l’argent de l’Église, dès 2003, quand il était au Vatican !
De l’argent pour des relations intimes
Face à ces questions embarrassantes, le prévenu demande une chaise, craignant un malaise : « Là-bas, les conditions de vie de ces jeunes étaient difficiles ». Mais le juge lui rappelle que l’enquête a déterminé que ses relations intimes, avec des dons à la clé pour chacune, sont nées à partir de rencontres sur un site homosexuel et qu’il allait en Colombie pour y passer ses vacances…
« Le prévenu a trahi la confiance du diocèse, qui vit essentiellement de dons, mais aussi des congrégations et des laïcs en profitant de leur partage de la foi pour le mettre au service du mal », soulignent les avocats des parties civiles. Pour le procureur, « la charité n’était pas le seul moteur de la démarche du prévenu. Il a profité de sa fonction, mais il n’était pas propriétaire de cet argent, seulement le dépositaire. Il savait qu’il ne pouvait pas rembourser les prêts ».
Une peine de deux ans de prison avec sursis a été requise. Le tribunal rendra son jugement le 25 novembre.