Il y a 25 ans, l'écrivaine Taslima Nasreen était contrainte à l'exil, condamnée à mort par une fatwa des mollahs du Bangladesh pour son livre «Lajja»...
Fin août 1994, Paris Match retrouve Taslima Nasreen à Stockholm. Dans l’arrière salle d’un restaurant de la capitale suédoise, l’écrivaine fête discrètement ses 32 ans. «Comme chaque fois qu'on doit rencontrer un être traqué, le lieu et l'heure du rendez-vous sont fixés au dernier moment et on n'échappe pas une seconde à l'oeil implacable de gardes du corps», écrit Match. Pour ses prises de positions féministes face à la religion, et particulièrement celle dominante au Bangladesh, l’islam, l'ancienne gynécologue avait déjà était menacée et molestée. Au cours de l’été 1994, les mollahs l’ont condamné à mort pour son roman «Lajja» («La Honte»), consacré au sort d’une famille hindoue face aux tensions religieuses de la région. En Europe, Taslima Nasreen «découvre les lois de l'exil sous haute surveillance», mais persiste : « Ne nous laissons pas gagner par la peur. Ce serait la première victoire du serpent intégriste».