Baskets tendance, t-shirt noir, barbe taillée. Kailey arrive décontracté, ne laissant rien paraître du calvaire qu'il va nous livrer. Originaire de la région parisienne, ce jeune homosexuel de 24 ans travaille dans le prêt-à-porter, en Seine-et-Marne, où il vit depuis son enfance. Une enfance marquée par des maltraitances menées pendant cinq ans à son encontre, et que l'on désigne par l'expression laconique de « thérapie de conversion » ou « thérapie de réorientation sexuelle ».
Des pratiques violentes, prétendant faire changer d'orientation sexuelle, qui ne sont pas officiellement interdites en France, et que deux députés veulent enterrer définitivement, avec une proposition de loi qui sera déposée dans quelques mois. Alors que la Dilcrah (Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT) lance ce vendredi un appel à projets pour lutter, notamment, contre l' homophobie, Kailey nous révèle comment ses proches, refusant sa nature, l'ont abandonné aux mains d'un religieux pour le « transformer ».
Tout commence à l'âge de 7 ans avec un geste de tendresse. « Je rentrais de l'école avec un ami. On s'est assis sur le canapé, et on s'est embrassé. C'était totalement innocent, se remémore Kailey. Mais ma mère nous a surpris. »
De confession protestante et « très religieuse », pour elle, cela ne fait aucun doute : son fils est homosexuel et il faut changer cela. Le processus s'enclenche alors. Elle décide immédiatement de l'emmener voir son pasteur. « Il lui a dit j'étais possédé par le démon de l'homosexualité. »