Séquence de distribution de flyers dans le centre de Lorient (Morbihan) par des tenants de la Révélation d’Arès, que l’ADFI qualifie de « syncrétisme chrétien, et un peu musulman »… | OUEST-FRANCE
Nous ne sommes pas une association de lutte contre les sectes et, même si nous conduisons des actions de prévention contre les dérives sectaires dans des établissements scolaires ou des écoles d’infirmiers, nous attendons qu’on vienne nous voir
précisent en préambule Joël Quéau et Annik Le Héritte. Ils sont le nouveau président et une ancienne responsable de l’Association de défense des familles et de l’individu (ADFI) des départements du Morbihan et du Finistère. À la fin de l’année 2020, et après vingt années d’activité, 1 032 cas leur avaient été soumis.
Comme le pointe la Miviludes, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, dans son dernier rapport, le nombre de saisines augmente de façon continue d’une année sur l’autre
, avec un record battu en 2021. Cette période post-Covid a imposé une rupture sociale
, analyse Joël Quéau. Beaucoup de personnes ont quitté leur travail, se sont installées comme coachs et sont toutes persuadées de faire le bien autour d’elles.
Dérives sectaires : quels conseils peut-on donner aux proches des victimes ?
La scientologie à la grande parade
Pour autant, « les vieux courants sectaires perdurent en Bretagne-Sud ». Ainsi la scientologie : l’été dernier, une dizaine de personnes a distribué lors de la grande parade du Festival interceltique de Lorient des fascicules intitulés « Le chemin du bonheur » et dont la couverture arborait des danseurs bretons. On imagine que ces livrets ont servi lors d’autres fêtes bretonnes.
Autres multinationales de la spiritualité
, comme les qualifie la Miviludes, les Témoins de Jéhovah, qui ont essaimé leurs salles du royaume
partout dans la région – huit dans le Morbihan – et qui prêchent dans le centre des villes ou, comme les Mormons, ces deux jeunes hommes bien habillés
, démarchent à domicile.
Voilà un fascicule distribué lors du dernier Festival interceltique de Lorient (Morbihan) par des sympathisants de la scientologie. | OUEST-FRANCE
En parallèle, les responsables de l’ADFI relèvent quantité de dérives catholiques portées par des béatitudes et des intégristes
sans oublier les islamistes radicaux
et tous ces mouvements bouddhistes ou hindouistes dont « le produit d’appel
va être le yoga. C’est une très belle école qu’on ne doit pas pervertir. Il faut donc s’inquiéter lorsque ce yoga devient philosophique, quand se font ressentir les premières pressions. »
L’essor des « dérapeutes »
Aux religieuses s’ajoutent les dérives médicales, via des méthodes connues comme celle du Dr Hamer
(qui cible les personnes victimes d’un cancer) ou les amis de Bruno Groening qui ont souvent donné des conférences par ici. Il peut aussi être question de drogues, nous pensons à Iboga dans le Finistère, ou de médecine dite ethnique et même quantique, ce qui ne veut rien dire. Et toutes les formes de naturopathie, jusqu’au crudivorisme (NDLR : pratique alimentaire qui consiste à se nourrir exclusivement d’aliments crus.)
…
Car dans ce domaine, poursuivent Joël Quéau et Annik Le Héritte, n’importe qui peut se déclarer pratiquant, aucune formation n’est reconnue
. Et alors que la Miviludes dit assister à la prolifération de multiples structures dans les domaines notamment de la santé, du bien-être et de l’alimentation
et observer « la démultiplication des gourous 2.0
œuvrant sur les réseaux sociaux et leurs convergences de plus en plus fortes avec les thèses complotistes », l’ADFI du Morbihan et du Finistère s’inquiète de l’essor de tous ces tenants de fausses psychothérapies, ces coachs de vie qui s’occupent de tout. Ils prennent aussi le nom de thérapeutes de l’âme et du bonheur. Nous, nous les appelons les dérapeutes…
Contact : adfi.bretagne-sud2956@orange.fr ; site internet et permanences à Vannes, Lorient, Quimper et Brest sur www.unadfi.org/adfi/56-adfi-bretagne-sud/